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Les aînés font beaucoup de choses pour nos collectivités. Il est temps que nous nous demandions ce que nos collectivités font pour eux

La prochaine fois qu’une personne âgée arrivera à la caisse avant vous et commencera à compter lentement ses pièces de cinq et de dix cents, profitez de ce temps d’attente pour vous demander si les personnes âgées se sentent les bienvenues dans votre collectivité.  

Pensez aux marches du marchepied de l’autobus qu’elle doit peut-être gravir avec ses achats et au passage pour piétons aménagé à l’extérieur d’un magasin qui a été visiblement conçu pour des gens jeunes et agiles.

Les aînés forment maintenant 40 % de la population de certaines petites villes canadiennes en milieu rural.

Ils font beaucoup de choses dans leur collectivité. Ce sont des contribuables et des fournisseurs de soins, et sans eux, bien des collectivités ne seraient plus viables. Il est temps de changer d’optique et de se demander ce que les collectivités font pour eux. Nos grandes et petites villes doivent choisir comme priorité de devenir des amies des aînés.

Le 15 octobre prochain, un groupe d’experts internationaux se réunira à Winnipeg pour discuter de ce que peuvent faire les collectivités en milieu rural et éloigné pour devenir plus amies des aînés.  Le symposium, intitulé Age-Friendly Rural and Remote Communities and Places, fait suite à un rapport de 2007 de l’Organisation mondiale de la Santé traitant des opinions de personnes âgées de tous les continents.
http://www.who.int/ageing/publications/fr/

Les problèmes sont extrêmement semblables.

Les personnes âgées de partout disent qu’elles ont besoin de collectivités plus accessibles, de meilleurs logements et plus d’occasions d’engagement social. Elles veulent avoir des environnements propres et bien entretenus où passer leur retraite. Certaines vivent dans des quartiers tranquilles qu’elles aiment, mais d’autres se plaignent du piètre transport en commun et des conducteurs impatients.

Offrir des lieux-amis des aînés, comme des parcs et des trottoirs bien entretenus, permet aux personnes âgées de devenir des membres actifs et en bonne santé de la société. Des rues plus accessibles sont aussi synonymes d’activité physique et d’engagement social et, en bref, d’une meilleure qualité de vie — pour tous.

Il est important d’examiner ces questions dans les collectivités des régions rurales et éloignées, parce que celles-ci grisonnent rapidement.  Les plus jeunes quittent ces régions pour trouver du travail et les plus âgés restent. L’accès à un logement et à du transport abordables, par exemple, pose un grand problème dans ces collectivités. En fait, avoir accès à un logement abordable avec les adaptations appropriées est une condition de base pour être en bonne santé.

Comme un plus grand nombre de gens déménagent dans les régions urbaines, les habitants de la ville ont tendance à méconnaître les besoins des collectivités rurales dont la population est peu élevée. Notre économie a toutefois besoin de ces collectivités, car l’agriculture, la pêche et les mines font toutes partie intégrante du tissu social canadien. Il est par conséquent dans l’intérêt de tous d’assurer la viabilité des petites villes en les rendant plus habitables.

La création d’un environnement positif commence par la structure même de nos immeubles. De nombreux aînés ont de la difficulté avec les marches dans les bâtiments publics, mais aussi dans leur propre maison. En d’autres termes, être ami des aînés touche la conception même de nos collectivités et de nos organisations.   

Les gouvernements et les spécialistes de la planification doivent mettre les besoins des personnes âgées à leur ordre du jour, sinon une grande partie de notre population deviendra exclue. Une personne âgée peut ne pas quitter sa maison parce que les bords de trottoir sont trop hauts pour être enjambés ou parce qu’il n’y pas suffisamment de bancs dans les rues pour s’asseoir et se reposer.

Il y a également des petites choses que nous pouvons tous faire pour rendre nos collectivités-amies des aînés. Nous ralentissons rarement suffisamment longtemps pour penser aux besoins des aînés qui nous entourent. Que ce soit en prenant le temps de parler plus lentement ou en aidant une personne à traverser la rue, tout le monde a un rôle à jouer pour créer des collectivités plus accueillantes pour les aînés.

Et ce qui est bon pour les vieux est bon aussi pour les jeunes. Une collectivité-amie des aînés, c’est plus qu’une collectivité qui accorde la priorité aux aînés. C’est une collectivité amicale, un point c’est tout — et c’est quelque chose que nous devrions tous nous efforcer de créer.

Verena Menec est conseillère experte à EvidenceNetwork.ca, professeure au département des sciences de la santé communautaire de la Faculté de médecine et directrice du Centre on Aging, de l’Université du Manitoba.


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