Voir en Français

Il y a cinq ans, vous pouviez acheter un terrain à Gladstone, au Manitoba, pour un dollar. La population de cette communauté, frappée par l’exode de ses résidents, était surtout composée d’aînés.  Gladstone se mourait.

Les entreprises déménageaient vers les villes, emportant avec elles les contribuables. Nombre de communautés dans les régions rurales du Manitoba et de la Saskatchewan étaient aux prises avec les mêmes problèmes qui menaçaient leur survie.

« Les gens avaient perdu confiance en notre communauté. Ils ne voyaient plus d’avenir », témoigne Eileen Clarke, mairesse de Gladstone. « La situation causait un grand stress mental et émotionnel. »

Mais peu de temps après l’arrivée de Mme Clarke à la mairie en 2006, le conseil municipal, en collaboration avec son comité « amis des aînés », a participé à un atelier portant sur un nouveau concept mis de l’avant par l’Organisation mondiale de la santé : la « convivialité à l’égard des aînés ». L’atelier était l’une des composantes de l’Initiative du Manitoba, province amie des aînés qui visent à rendre les communautés plus conviviales pour les personnes âgées.

Inspirée par ce concept, la mairesse a revu la stratégie de planification de la ville, tenu des audiences publiques et conçu une nouvelle vision pour Gladstone.

Peu de temps après, un nouveau projet résidentiel financé par des fonds privés et offrant 17 appartements a vu le jour, le service de transport adapté a été amélioré et un sentier de randonnée pédestre conçu pour les aînés a été aménagé. Dans un même temps, les initiatives communautaires se sont multipliées, ainsi que les partenariats entre organisations.

« Quelques années plus tard, la valeur des propriétés avait grimpé de façon exponentielle et la population avait augmenté de 10 pour cent. La communauté a bénéficié d’un développement commercial évalué à neuf millions de dollars dans la première année qui a suivi les changements », déclare Mme Clarke.

« Il ne reste plus de propriétés disponibles. Nous travaillons avec un propriétaire foncier pour réaliser de nouveaux projets immobiliers mais il faudrait accélérer les démarches », précise-t-elle. De plus, les jeunes reviennent pour s’y établir. « Au cours des deux ou trois dernières années, nombre de nos enfant qui sont mariés et qui ont des enfants reviennent vivre dans notre communauté. »

La mairesse de Gladstone représentait la communauté à une conférence tenue à Winnipeg la semaine dernière, organisée par le Centre on Aging de l’Université du Manitoba et coparrainée par le Secrétariat manitobain du mieux-être des personnes âgées et du vieillissement en santé. Intitulé Age-Friendly Rural and Remote Communities and Places [Les communautés rurales et éloignées amies des aînés], l’événement visait à examiner les lacunes au sein de nos communautés qui empêchent celles-ci de répondre aux besoins des aînés, ainsi que les façons d’améliorer la situation.

Norma Drosdowech, retraitée et défenseure des droits des aînés, affirme qu’il s’agit souvent d’un problème de communication. « Nous allons à l’hôpital et nous revenons à la maison et personne ne demande comment s’est passé notre séjour », rapporte-t-elle à un panel de la conférence.  Selon elle, comprendre les besoins des aînés est une démarche simple. « Vous leur demandez de partager avec vous leur peurs, leurs désirs, leurs espoirs, ce qui va et ce qui ne va pas dans leur vie. Ce n’est pas compliqué. Le problème, c’est que personne ne leur demande. »

Dans les communautés rurales isolées, les défis sont plus complexes. Bill Ashton, directeur de la Rural Development Institute de l’Université de Brandon, rapporte que ces régions sont aux prises avec des températures extrêmement froides et un manque chronique de logement et de transport vers des communautés offrant de meilleurs services. « Les problèmes s’accentuent lorsque vous sortez des villes », dit-il. Selon lui, les municipalités dont la situation financière est difficile ne peuvent pas toujours s’offrir de grands projets immobiliers, mais il existe des solutions créatives. En parlant avec des représentants de communautés des Premières nations, il a appris l’existence d’un programme destiné à prévenir la solitude chez les personnes âgées. « Souvent, on affecte les jeunes de la communauté à des visites auprès des aînés », dit-il.

Les partisans des initiatives amies des aînés affirment que ces actions pourraient potentiellement améliorer la viabilité de notre système de santé. Jim Hamilton, directeur associé du Centre on Aging, affirme que nous sous-estimons l’importance des liens sociaux sur la santé physique et mentale. Ils sont aussi importants que l’activité physique et l’alimentation. Selon lui, les cliniques et les hôpitaux sont conçus pour soigner les personnes déjà malades et non pour garder les personnes en bonne santé.

« Je ne suis pas en santé parce que je vais voir mon médecin pour un bilan annuel », dit M. Hamilton. « Je suis en santé parce que j’entretiens de bons liens avec ma communauté et mes amis, parce que je suis engagé socialement et parce que je veille moi-même à faire des activités physiques et à bien m’alimenter. »

M. Hamilton affirme que les bibliothèques, les conseils des arts et les événements locaux contribuent tous à nous garder en bonne santé et que le temps est venu de s’assurer que ces éléments soient présents dans nos collectivités.

Lindsay Jolivet effectue un stage à Evidence Network of Canadian Health Policy. Ses écrits ont été publiés dans la Montreal Gazette et le Huffington Post Canada et diffusés à la station radiophonique CBC.

novembre 2012


This work is licensed under a Creative Commons Attribution 4.0 International License.