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Vous devriez… voici pourquoi

Une version de ce commentaire est parue dans Le Droit et Le Huffington Post Québec  

Cette année, vous ferez-vous vacciner contre la grippe?

Avez-vous décidé d’obtenir le vaccin antigrippal cette année?

Une bonne partie de la population canadienne ne le fera pas. Pourtant, des vaccins sûrs et efficaces existent depuis plus de 60 ans. En 2013-2014, un tiers seulement des Canadiens âgés de 12 ans et plus ont reçu le vaccin contre la grippe. Le fait de ne pas être vacciné entraîne peu de conséquences pour certains – quelques jours d’inconfort tout au plus – mais pour d’autres, les répercussions peuvent être désastreuses.

Chaque année, entre 10 % et 20 % des Canadiens sont infectés par le virus de l’influenza, ce qui se traduit pour les personnes à risque par des séjours à l’hôpital et des décès. Même si les chiffres exacts sont sujets à débat parmi les experts, il est clair que la grippe n’est pas, dans certains cas, une maladie bénigne – elle peut même être mortelle.

Les personnes âgées sont les plus affectées. Elles ne représentent que 15 % de la population, mais elles comptent pour 40 % des cas d’infection grippale au Canada et la majorité des hospitalisations et des décès consécutifs à cette maladie.

La raison? Les personnes âgées sont plus nombreuses à avoir une santé délicate et les affections chroniques dont elles souffrent entraînent un risque élevé de contracter le virus de la grippe et de subir des complications. En fait, 74 % des Canadiens âgés de 65 ans ou plus rapportent avoir au moins une maladie chronique et 25 % (soit plus d’un million de personnes) sont médicalement fragiles.

En plus d’en subir les effets immédiats, les personnes fragilisées se remettent parfois difficilement d’une infection grippale; il est important de le rappeler. Leurs fonctions s’affaiblissent progressivement et leur santé se détériore encore davantage.

Toutefois, ce ne sont pas seulement les personnes âgées qui sont à haut risque. Il y a aussi les individus de tout âge qui présentent des affections chroniques touchant le cœur, les poumons, les reins, le foie et le sang; les personnes souffrant de diabète ou dont le système immunitaire est affaibli (à cause d’un traitement contre le cancer, par exemple) courent un risque élevé; les femmes enceintes (les risques augmentent au deuxième et troisième trimestre) et les enfants âgés de deux ans et moins. Enfin, les populations autochtones sont également à risque, compte tenu du taux élevé de maladies chroniques dans certains groupes.

Dans ce cas, pourquoi ne pas se contenter de vacciner seulement les personnes vulnérables?

Il y a deux raisons pour lesquelles ce n’est pas la meilleure stratégie. Paradoxalement, le vaccin n’est pas toujours aussi efficace chez les personnes à risque de complications que chez les autres, si bien que leur susceptibilité à la maladie persiste, même si elle diminue. Ensuite, le meilleur moyen de prémunir les personnes fragilisées contre la grippe est d’empêcher le virus de circuler, purement et simplement. Soulignons que les personnes en bonne santé peuvent transmettre la grippe sans manifester de symptômes; par conséquent, le vaccin réduit de façon significative la propagation du virus dans la population générale.

Voilà pourquoi le Comité consultatif national de l’immunisation conseille fortement aux travailleurs de la santé, aux intervenants communautaires chargés de dispenser des services essentiels et à toute personne qui s’occupe d’une personne vulnérable de se faire vacciner.

Dans quelle mesure le vaccin antigrippal est-il efficace? Cela dépend. Contrairement à d’autres vaccins, il ne peut pas éradiquer le virus à tout jamais, car de nouvelles souches apparaissent tous les ans. C’est la raison pour laquelle on produit chaque année un nouveau vaccin qui cible les souches les plus susceptibles de circuler ‒ avec un succès variable.

Les recherches sur la mise au point d’un vaccin universel efficace contre toutes les souches se poursuivent, mais nous n’y sommes pas encore. Toutefois, on fabrique depuis peu des vaccins à forte dose qui se sont avérés plus utiles que les précédents chez les individus à risque élevé comme les personnes âgées.

Il existe bel et bien des médicaments antiviraux pour traiter la grippe, mais rappelons que les virus peuvent développer une résistance à ces traitements.

Bref, le vaccin offre une protection raisonnable contre la grippe, en particulier lorsqu’il est administré tôt dans la saison. Non, il ne vous protégera pas à 100 %. Mais si vous êtes vacciné et que vous contractez la grippe, vous avez de meilleures chances de vous en tirer sans complications.

En ce qui a trait aux effets secondaires, ils sont négligeables, le plus fréquent étant un peu de douleur au site de l’injection. D’ailleurs, une étude a démontré que les personnes à qui on avait administré un vaccin placebo étaient tout aussi susceptibles de se plaindre de maux de tête, d’un malaise ou de douleurs musculaires que celles qui avaient reçu le vrai vaccin.

Enfin, à ceux qui auraient entendu la rumeur : le vaccin antigrippal ne provoque pas la grippe.

La grippe figure parmi les 10 principales maladies infectieuses au Canada. Son incidence sur les plus vulnérables de notre société est désastreuse. Par conséquent, faites-vous vacciner : pour votre propre bien, celui de vos proches et par considération pour vos concitoyens.

Et tandis que vous y êtes, vous pourriez aussi en profiter pour vérifier si vos autres vaccins sont à jour.

 

John Muscedere est directeur scientifique et PDG du Réseau canadien des soins aux personnes fragilisées, un organisme sans but lucratif fondé en 2012 dans le cadre du programme

Decembre 2016


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