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Une version de ce commentaire est parue dans La Presse

To improve value and spur innovation, we need to change the way we pay for health care

Au Canada, les soins de santé coûtent au secteur public environ 160 milliards de dollars par année, soit un coût par habitant plus élevé que la plupart des pays industrialisés. Pourtant, les Canadiens ne sont pas particulièrement plus en santé et ne reçoivent pas de meilleurs soins.

Le Fonds du Commonwealth a classé le Canada au dixième rang parmi onze pays développés pour l’efficacité de son système de santé (seuls les États-Unis font pire que nous). Nous sommes situés dans le bas de la liste en ce qui a trait à l’accès aux soins, à la rapidité des soins et à la qualité générale des soins, et pour aucune des mesures examinées nous ne nous sommes classés dans les trois premiers rangs.

Peut-être que notre système de santé n’est pas aussi bon que nous aimons le croire. De quelle manière pourrait-on alors améliorer les soins de santé canadiens pour rattraper la tête du peloton?

Un facteur qui joue contre nous est la façon dont les dépenses de santé publique sont allouées. Par exemple, la façon dont nous dépensons les sommes consacrées à la santé est souvent tributaire d’un processus plutôt que d’être axée sur les résultats. La plupart des gouvernements provinciaux paient les fournisseurs de soins de santé à l’acte, du moins en partie, plutôt qu’en fonction des résultats atteints sur le plan de la santé. Les médecins aussi sont souvent rémunérés, du moins en partie, par le nombre de patients qu’ils voient ou les actes qu’ils posent sans trop d’égards à la qualité ou à la pertinence des soins dispensés.

Un système qui encourage l’amélioration de la qualité et de l’accès aux soins, qui offre le meilleur rendement possible des budgets alloués à la santé et qui récompense l’innovation pourrait être la solution.

Les buts recherchés par les patients, soit une bonne expérience de soins et une qualité de vie durable, pourraient être des mesures de succès. Les incitatifs financiers qui récompensent les prestataires de soins qui permettent à leurs patients de maintenir une bonne santé encourageraient l’innovation dans des domaines importants de la santé qui, historiquement, ont été difficiles à instaurer, comme la promotion de la santé et la gestion et la prévention de la maladie.

Comment pourrions-nous y parvenir?

Les gouvernements ne peuvent pas imposer l’innovation, mais ils disposent de certains leviers pour encourager ceux qui veulent expérimenter et innover. Établir une vision nationale novatrice pour stimuler le changement enverrait un puissant signal que le statu quo n’est pas dans l’intérêt des Canadiens.

Des expériences financières intéressantes ont déjà été menées au Canada.

À Mississauga, les fournisseurs de soins hospitaliers Trillium Health Partners et Saint Elizabeth home care ont accepté d’être payés conjointement par la province en fonction de l’état de santé des patients souffrant de maladie cardiaque au moment où ils quittent l’hôpital. Lier leur financement a incité les deux organisations à collaborer plus étroitement et à s’assurer que les patients vivent une transition harmonieuse entre les soins, tout en réduisant les coûts associés. Après un an, les résultats sont prometteurs. Les patients reçoivent leur congé plus tôt et les réadmissions postopératoires dans les hôpitaux et les services d’urgence sont en baisse.

Le Nouveau-Brunswick met en œuvre de nouvelles approches pour offrir de meilleurs soins de santé à la collectivité. Medavie Health Services, un fournisseur privé de services médicaux et de soins de santé d’urgence, conclura prochainement un contrat basé sur le rendement avec la province. Le remboursement sera lié aux mesures liées à l’augmentation de la capacité du système et à l’amélioration de l’expérience du patient et des résultats en matière de santé de la population.

Pendant ce temps, le gouvernement fédéral a récemment dévoilé la première obligation à impact social pour favoriser la santé au Canada en soutenant un programme de contrôle de la tension artérielle dirigé par la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, en collaboration avec le Centre d’investissement d’impact MaRS. Les versements que recevra la Fondation des maladies du coeur du gouvernement fédéral varieront en façon du contrôle de la pression artérielle des participants.

Ces expériences constituent de premières étapes importantes, mais l’ambition doit être beaucoup plus grande pour pouvoir opérer un réel changement.

Le Canada a besoin d’une stratégie nationale de mesure des résultats et de financement de la santé, en partenariat avec les provinces et les territoires, et d’une grande volonté pour tester de nouvelles approches et adopter celles qui fonctionnent. Un soutien fédéral et une unité de collecte d’informations probantes pourraient assurer une expertise dans le financement de l’innovation pour les provinces et les fournisseurs de soins de santé qui cherchent à tester de nouvelles approches de paiement et à permettre à d’autres d’apprendre de ceux qui l’ont déjà fait au Canada et à l’étranger.

Nous devons changer notre orientation pour obtenir de meilleurs résultats en santé et produire un rendement amélioré des sommes dépensées dans ce secteur. Pour ce faire, les gouvernements et les fournisseurs de soins doivent mettre à l’essai, de manière intentionnelle et stratégique, des modes de paiement de soins qui incitent les intervenants en santé à chercher à obtenir une meilleure qualité et à accroître la valeur. L’avenir des soins de santé en dépend.

 

 

Alexis Wise, MBA, est un collaboratrice d’EvidenceNetwork.ca et un cadre supérieur au Centre d’investissement d’impact MaRS où elle travaille sur les stratégies d’investissement avec impact et l’innovation dans le système de santé.


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