De nouvelles options pour les enfants et les gens qui craignent les aiguilles
Une version de ce commentaire est parue dans Le Huffington Post Québec
La campagne de vaccination contre la grippe est de retour. Elle débute chaque mois d’octobre et on nous rappelle jusqu’au printemps qu’il est toujours temps de se faire vacciner, même après la période de vaccination sans frais.
La plupart du temps, je me fais vacciner, ainsi que mes enfants. Mais parfois, je m’interroge, surtout lorsque je vois des appellations avec lesquelles je ne suis pas familière, comme « vaccin vivant atténué », ou lorsque je prends connaissance de nouvelles méthodes de vaccination, comme la vaporisation intranasale au lieu de l’injection traditionnelle. C’est ce que j’ai vécu la semaine dernière, alors que je me demandais si je me ferait vacciner cette année.
Pour plusieurs personnes, la vaccination est un sujet épineux. Au Canada, notre vaccin saisonnier contre la grippe est généralement administré sous une forme trivalente inactivée, avec agents infectieux morts. Ce type de vaccin comporte trois souches de grippe qui, selon l’avis des scientifiques, seront prédominantes au cours de la saison grippale qui s’amorce. Le vaccin est connu sous l’appellation de « vaccin inactivé contre la grippe saisonnière » et est généralement administré par injection.
Cependant, la plupart des gens ne savent pas qu’au Canada, on offre aussi un vaccin par vaporisation intranasale. Il contient un ensemble de souches vivantes atténuées des virus qui, selon les prévisions, circuleront au cours de la saison grippale. Les virus « vivants atténués » sont certes vivants mais dans un état atténué, et parce qu’ils sont atténués, ils n’entraînent pas de grippe.
Alors, quel type de vaccin convient le mieux? Cela dépend de plusieurs facteurs.
Il existe des différences notables. Premièrement, la vaccination par vaporisation intranasale se fait par inhalation nasale au lieu d’une injection intramusculaire administrée dans la partie supérieure du bras. Pour ceux qui craignent les aiguilles (dont plusieurs enfants), cela peut s’avérer une option intéressante.
Deuxièmement, cette « nouvelle » option de vaccination n’est pas vraiment nouvelle. Le vaccin intranasal n’est offert au Canada que depuis 2010, mais il est administré aux États-Unis depuis plus de 10 ans. Les données sur l’innocuité et l’efficacité du vaccin sont donc fondées sur une période plus longue et sur une population plus grande. En fait, des groupes d’experts scientifiques au Canada et aux États-Unis estiment qu’il existe de plus en plus de preuves à l’effet que le vaccin vivant atténué administré par voie intranasale offre chez les enfants une plus grande protection, comparativement à l’injection traditionnelle.
Le Comité consultatif national de l’immunisation, qui conseille l’Agence de la santé publique du Canada, a recommandé l’utilisation du vaccin vivant atténué contre l’influenza depuis 2011 chez les enfants en bonne santé et âgés de deux à 17 ans. Aux États-Unis, le Centers for Disease Control [Centre de contrôle des maladies] recommande que les enfants en bonne santé et âgés de deux à huit ans soient vaccinés contre la grippe par vaporisation intranasale. Le terme « enfants en bonne santé » est défini comme étant des enfants n’ayant pas d’antécédents médicaux qui augmenteraient le risque de développer des complications liés à l’influenza.
Certaines données probantes suggèrent que le vaccin vivant atténué convient mieux aux enfants et que le vaccin inactivé convient mieux aux adultes. Or si vous n’avez pas le choix, les responsables de la santé publique affirment que l’un ou l’autre vaccin convient aux deux populations.
Quels sont les risques associés?
Dans le cas d’une vaccination par injection, les effets secondaires sont, entre autres : une douleur au bras, une légère fièvre et des douleurs musculaires. Ce sont des réactions courantes et bénignes. Pour ce qui est de la vaccination par vaporisation intranasale, les effets secondaires courants sont plus nombreux : écoulement nasal, mal de tête, mal de gorge et toux (chez les adultes et chez les enfants), respiration sifflante, et parfois, vomissement, fièvre et douleurs musculaires (observés chez les enfants seulement).
Malgré ces effets, le bilan est positif, puisque les bienfaits de la vaccination contre la grippe saisonnière dépassent les méfaits. Cependant, toute forme de vaccination comporte certains risques.
Par exemple, le vaccin vivant atténué ne convient pas à tous. Le site Web du ministère de la Santé et les cliniques de vaccination contre la grippe donne des consignes détaillées précisant quelles sont les personnes chez qui le vaccin vivant atténué est contre-indiqué. Ceci inclut les personnes qui ont eu des épisodes de respiration sifflante et d’asthme (au cours des 12 derniers mois), les personnes traitées avec de l’aspirine, les personnes allergiques aux œufs, les femmes enceintes, les personnes avec un système immunitaire affaibli, les personnes qui ont déjà eu des réactions allergiques et les personnes hors de la catégorie d’âge recommandée.
Pour conclure, la décision de se faire vacciner ou non revient à l’individu. Un adulte doit décider si il veut se faire vacciner ou risquer de devoir prendre un congé de maladie parce qu’il a contracté la grippe et, ainsi éviter de contaminer les personnes de son entourage. La grippe peut s’avérer mortelle même chez les très jeunes enfants (notamment ceux de moins de deux ans) et les aînés.
Donc, après avoir fait des recherches et comparé divers sites Web, après avoir parlé avec des gens qui en savent bien plus que moi sur le sujet et combiné toutes ces données, je me suis fait vacciner et j’ai fait vacciner mes enfants, sans inquiétude. Ce fut une décision mûrement réfléchie.
S. Michelle Driedger agit comme conseillère experte auprès d’EvidenceNetwork.ca. Elle est professeure agrégée et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la communication des risques environnementaux et des risques pour la santé, au Département des sciences de la santé communautaire du Collège de médecine, Faculté des sciences de la santé, à l’Université du Manitoba.
novembre 2014
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