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Changer la croyance selon laquelle les aînés sont un fardeau pour la société

Vingt pourcent des personnes âgées qui résident en Équateur, en Amérique du Sud, vivent dans une extrême pauvreté, et la plupart sont en région rurale. C’est ce qu’a affirmé un conseiller pour le vieillissement en santé de l’Organisation mondiale de la santé.

 Enrique Vega Garcia a précisé, devant un groupe d’experts, que les chiffres étaient similaires dans les autres pays de l’Amérique du Sud et dans la plupart des pays en développement. Beaucoup ont peu d’accès aux soins et de ce fait, sont aux prises avec des problèmes de santé.

M. Vega Garcia  a pris la parole le mois dernièr dans le cadre d’une conférence intitulée « Age-Friendly Rural and Remote Communities and Places [Les communautés rurales et éloignées amies des aînés], organisée par le Centre on Aging [Centre sur le vieillissement] de l’Université du Manitoba et coparrainée par le Secrétariat manitobain du mieux-être des personnes âgées et du vieillissement en santé.

Des chercheurs, décideurs et représentants d’associations de personnes âgées du monde entier ont été invités à cet événement pour discuter des enjeux liés aux impacts sociaux et démographiques découlant du vieillissement d’une société.

Le concept de « convivialité à l’égard des aînés », créé par l’Organisation mondiale de la santé, met l’accent sur la nécessité de mettre en place des moyens de transport, des rues et des logements qui assureront aux aînés la possibilité d’être heureux et actifs en tant que membres de la collectivité, et de favoriser l’engagement social nécessaire pour atteindre cet objectif.

Mais dans les pays en voie de développement, il s’agit bien plus que de construire des trottoirs et des logements adaptés. M. Vega Garcia se rappelle d’avoir parlé avec un aîné en Amérique du Sud, qui avait de graves troubles de santé. L’homme était également aux prises avec des problèmes familiaux à cette époque, et M. Vega Garcia lui a demandé s’il se sentait déprimé.

« Oh, mon fils. Je n’ai pas le temps d’être déprimé », a-t-il répondu.

Dans ces pays, les responsabilités envers la famille et la communauté et la nécessité de gagner sa vie sans relâche court-circuitent les efforts des aînés qui tentent de demeurer en bonne santé. Selon M. Vega Garcia, l’expression « convivial à l’égard des aînés » dans de tels cas signifie trouver des moyens pour alléger le stress et les responsabilités de la vie à l’étape de la vieillesse.

La directrice du Centre on Aging de l’Université du Manitoba, Verena Menec, affirme que nous devons nous pencher sur la mutation démographique causée par le nombre croissant de personnes âgées.

« Cette question touche tous les pays du monde, surtout les pays en voie de développement. »

Mme Menec précise que l’approche conviviale à l’égard des aînés est une solution intéressante à une problématique complexe, et que l’initiative s’est rapidement répandue depuis sa conception en 2006. « Elle est devenue un mouvement international », dit-elle.

Dans le cadre de sa recherche continue, elle mesurera sûrement les variations de santé et de qualité de vie des personnes âgées dans les communautés qui ont adopté une approche conviviale envers leurs aînés.

Une grande part du défi, selon les défenseurs de cette approche, réside dans la nécessité de changer les mentalités et d’éliminer l’idée que les personnes âgées sont un fardeau pour la société.

Helen Hamlin, une résidente de New York âgée de 90 ans, dissipe le mythe à l’aide d’un mantra. « Les aînés sont une richesse et non un fardeau », dit-elle.

Ce mantra met l’accent sur la contribution des aînés envers la société en tant que bénévoles, contribuables et pourvoyeurs de soins au sein de leur communauté.

Mme Hamlin est la principale représentante de l’International Federation on Aging [Fédération internationale sur le vieillissement] aux Nations Unies. Elle parle à partir de son vécu lorsqu’elle affirme que le vieillissement a « mauvaise réputation ».

« Quand les gens me regardent et me disent « Oh, tu as cet âge? », je leur réponds « Bien oui, et j’en suis fière ».

Elle dit qu’elle est en bonne santé, qu’elle vit seule et qu’elle aime sa vie.

« Il y a beaucoup de personnes qui continuent de vivre mais qui ne s’aiment pas », témoigne Mme Hamlin. « Vous devez vous rappeler que c’est correct d’être vieux. » 

Lindsay Jolivet effectue un stage à Evidence Network of Canadian Health Policy. Ses écrits ont été publiés dans la Montreal Gazette et le Huffington Post Canada et diffusés à la station radiophonique CBC.


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