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THE CANADIAN PRESS/Nathan Denette

Pour bien des Canadiens, la saison du rhume et de la grippe signifie voir leur vie et leurs habitudes perturbées par des douleurs et des symptômes ennuyeux.Ces maladies vont souvent de pair avec des jours d’absence au travail ou à l’école, des maux de gorge, de la congestion nasale et de la fièvre.Pour les parents de jeunes enfants qui font de la fièvre, toussent ou ont mal aux oreilles, c’est le parcours du combattant.

En tant que médecins, tout comme nos patients, nous voudrions qu’il existe un remède capable de faire disparaître ces symptômes comme par magie.Les patients veulent retrouver leur vie normale le plus rapidement possibleet malheureusement, les antibiotiques ne sont habituellement pas la solution.

Les antibiotiques sont souvent utilisés à mauvais escient parce que les gens croient à tort qu’ils viendront à bout de leurs symptômes de rhume ou de grippe.Or, la fièvre, la toux et les maux d’oreilles sont habituellement causés par un virus, et on sait que les virus ne répondent pas aux antibiotiques.

Plus de la moitié de toutes les ordonnances d’antibiotiques au Canada seraient superflues – et inefficaces.

Parmi les maladies courantes qui sont d’origine virale, mais pour lesquelles on prescrit souvent des antibiotiques inutilement, on compte la sinusite, l’otite et la bronchite.Les antibiotiques ne sont en général d’aucune utilité pour ces problèmes de santé dont les symptômes s’amélioreront tout simplement avec le temps et du repos.

Pour un médecin, il est difficile de se trouver dans l’incapacité d’offrir un remède, et les patients ont du mal à accepter qu’il n’y ait pas grand-chose à faire à part soulager les symptômes et attendre que ça passe.

Un premier pas dans la bonne direction pour les médecins et les patients serait de discuter des risques qu’il y a à prescrire des antibiotiques inutilement.

Quel mal les antibiotiques superflus peuvent-ils bien causer?Beaucoup.

Pour traiter les symptômes d’une infection virale, les antibiotiques ne sont d’aucune utilité; ils peuvent même aggraver les symptômes.Ils agissent en bloquant la croissance et la multiplication des bactéries pathogènes.Lorsque les maladies sont d’origine virale et non bactérienne, les antibiotiques n’ont aucun effet.

L’utilisation de l’antibiothérapie quand elle n’est pas requise favorise aussi l’apparition de bactéries résistantes aux antibiotiques d’usage courant.Cela rend les patients, particulièrement les gens âgés, plus vulnérables aux infections résistantes aux antibiotiques et réduit l’efficacité de ces derniers lorsqu’ils sont vraiment nécessaires.

La prise d’antibiotiques comporte aussi des effets secondaires : plus d’une personne sous antibiothérapie sur quatre présente des troubles digestifs, des étourdissements ou des éruptions cutanées.

Vous remarquerez peut-être dans le bureau de votre médecin un nouvel outil pour alimenter la discussion sur le bien-fondé de l’antibiothérapie. Il s’agit d’un « bloc d’ordonnances en cas d’infections virales ». C’est le type de feuille que vous pourriez recevoir pour une ordonnance, sauf qu’il contient des renseignements et des stratégies pour soulager les symptômes tels que la fièvre, les douleurs et les courbatures.On y explique aussi les risques associés à la prise d’antibiotiques quand ils ne sont pas nécessaires et on y donne des exemples de cas où il est indiqué de revoir le médecin si les symptômes s’aggravent.

Le fait de ne pas recevoir d’antibiotiques pour le rhume ou la grippe ne signifie pas qu’il n’y a rien à faire.Cela signifie simplement qu’il faut choisir une autre approche.

Une façon d’amorcer le dialogue afin de déterminer si un antibiotique est nécessaire ou non consiste à utiliser les trois questions à poser à son médecin rédigées par le programme Choisir avec soin : Ai-je vraiment besoin d’antibiotiques?Quels sont les risques?Y a-t-il des options plus simples et plus sécuritaires?

 

La Dre Guylène Thériault est omnipraticienne et exerce en médecine familiale à Gatineau, au Québec.Elle est vice-doyenne, Formation médicale décentralisée, au département de médecine familiale à l’Université McGill. 

La DreWendy Levinson est présidente de la campagne Choisir avec soin, conseillère experte auprès du réseau EvidenceNetwork.ca de l’Université de Winnipeg et professeure de médecine à l’Université de Toronto.


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