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John Badman/The Telegraph via AP

Avec des rapports réguliers sur les phénomènes météorologiques extrêmes, les Canadiens pourraient mieux comprendre la véritable menace du réchauffement climatique.

 

Les tornades qui ont récemment frappé la région d’Ottawa ne peuvent pas être spécifiquement attribuées au changement climatique mondial. Par contre, elles correspondent au modèle d’événements météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents et graves, prédit de longue date et cité dans le dernier rapport du Groupe d’experts international sur l’évolution du climat.

Malheureusement, trop de Canadiens ne croient toujours pas que l’activité humaine est un facteur important des changements climatiques. De quelle façon les médias et les agences gouvernementales pourraient-elles donc modifier les prévisions météorologiques pour faire évoluer cette vision?

Environnement et Changement climatique Canada, un organisme gouvernemental, et de nombreux météorologues fournissent des prévisions météorologiques régulières aux Canadiens par le biais des médias traditionnels et sociaux. En revanche, ils ne nous disent pas comment le climat au quotidien cadre ou non avec le réchauffement climatique. Chaque jour, on nous dit quelle température il fera le soir, s’il pleuvra ou non le lendemain et quel sera l’indice UV. À la télévision, on nous montre des cartes du Canada sur lesquelles on voit des images radar de fronts froids et chauds, de nuages, de températures, de cyclones et de zones de pluie ou de soleil.

Cette information est certainement utile pour décider quoi porter ou s’il faut apporter un parapluie. Toutefois, les agences gouvernementales et les météorologues ratent une belle occasion de communiquer de l’information sur les impacts croissants du changement climatique sur notre vie quotidienne et ainsi éduquer les Canadiens.

Nous entendons parler le plus souvent des tendances climatiques, à savoir que la température de certains jours, semaines, mois sont les plus chauds ou les plus froids jamais enregistrés. Ces faits insignifiants évitent de nous donner une compréhension approfondie des impacts du réchauffement climatique dans nos propres régions du Canada.

Il existe des statistiques météorologiques intéressantes et très pertinentes qui cadreraient bien avec les prévisions météorologiques quotidiennes et qui pourraient nous rappeler régulièrement que le réchauffement du climat est bien réel, qu’il se produit actuellement. Cette information pourrait montrer comment il affecte notre vie quotidienne. Au lieu de simplement indiquer les relevés météorologiques quotidiens ou mensuels, les prévisions pourraient par exemple inclure la fréquence des phénomènes météorologiques inhabituels ou extrêmes et des statistiques sur les tendances générales du changement climatique.

Selon les conditions météorologiques quotidiennes dans votre région, les prévisions pourraient inclure, par exemple, des périodes exceptionnelles de vents violents, des averses extrêmes et des températures exceptionnellement basses en hiver, en comparaison avec les tendances historiques. Ce genre de données statistiques peuvent ressembler à celles que nous entendons maintenant, mais elles sont différentes, car elles indiquent à quels moments et à quels endroits se produisent des conditions météorologiques inhabituelles ou extrêmes.

La couverture de neige est une autre donnée météorologique recueillie de manière routinière et rarement communiquée au public. Il s’agit d’un élément essentiel pour les modèles de prévision météorologique d’Environnement et Changement climatique Canada. À l’instar de la réduction de la couverture de la calotte glaciaire arctique et du recul des glaciers, pourquoi ne pas montrer à l’occasion comment la couverture de neige actuelle au Canada se compare aux moyennes du même jour une décennie précédente?

Les scientifiques qui étudient les changements climatiques globaux prédisent depuis des décennies qu’en plus du réchauffement progressif, les effets les plus remarquables seront la fréquence accrue des phénomènes météorologiques extrêmes : vagues de chaleur plus longues et plus chaudes, pluies torrentielles plus fortes et plus intenses, et selon la région du Canada concernée, des périodes de sécheresse plus longues et plus intenses.

Le Canada sera également touché par la fonte des glaces de l’Arctique et du pergélisol, l’acidification des océans, la multiplication des incendies de forêt et l’élévation du niveau de la mer. Le réchauffement climatique devrait également produire des ouragans et des typhons plus intenses dans d’autres parties du monde. Ces changements, même s’ils sont extrêmement importants, ne correspondent pas aux prévisions météorologiques quotidiennes.

Or, il serait facile pour Environnement et Changement climatique Canada de produire un flux d’indicateurs statistiques intéressants et attrayants, des faits et des images météorologiques qui mettent en évidence les changements climatiques qui nous affectent, et non pas uniquement se limiter à la température qu’il fera le lendemain.

Inévitablement, à mesure que le réchauffement climatique mondial évolue, la fréquence à laquelle ces indicateurs montreront des changements importants, voire extrêmes, s’accentuera. Pourquoi la ministre de l’Environnement et du Changement climatique ne demande-t-elle pas à son personnel de fournir cette information aux Canadiens? Cela pourrait tous nous aider à comprendre comment le réchauffement climatique affecte notre vie de tous les jours.

 

Michael Wolfson est membre du Centre de Droit, politique et éthique de la santé de l’Université d’Ottawa et conseiller expert auprès d’EvidenceNetwork.ca, attaché à l’Université de Winnipeg. Il a présidé une Chaire de recherche du Canada dans le même établissement. Il a auparavant occupé le poste de statisticien adjoint en chef à Statistique Canada.


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