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Les médias sont remplis d’histoires sur le fait que les personnes âgées vont ruiner le système de soins de santé et que le système de pensions du Canada va s’effondrer sous le poids de leur nombre croissant.

Ce que nous n’entendons pas au milieu de toutes ces histoires apocalyptiques — qui ne reposent pas sur des preuves, et sont simplement fausses — c’est comment les personnes âgées contribuent à la société.

Le fait que les gens vivent plus longtemps que jamais devrait être célébré comme l’une des plus grandes réussites de l’histoire. Comme le dit le proverbe : Vieillir vaut mieux que mourir.

Comment les aînés contribuent-ils à la société? Comme toute personne jeune, ils font des achats, utilisent des services (qui emploient des gens) et paient des impôts. Ils font aussi du bénévolat; en fait, de nombreuses organisations auraient beaucoup de mal à fonctionner sans leurs bénévoles plus âgés.

Les personnes âgées sont aussi généreuses : elles font plus de dons de bienfaisance par personne que tout autre groupe d’âge.

Les personnes âgées gardent les enfants; elles s’occupent des petits-enfants. Il est difficile d’imaginer ce que deviendrait notre économie si, soudainement, les grands-parents ne pouvaient pas s’occuper des petits-enfants. Combien de parents devraient faire des pieds et des mains pour trouver d’autres options (déjà peu nombreuses) ou devraient s’absenter du travail parce qu’ils n’ont pas pu trouver de solutions de remplacement? Combien de parties de soccer ou de cours de ballet seraient manqués si grand-maman ou grand-papa n’étaient pas là pour conduire les petits-enfants?

Les aînés font du ménage, de l’entretien ménager et des travaux dans la cour, non seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour d’autres personnes. Ils offrent du transport ou font des courses pour les autres. Ils procurent du soutien affectif et de l’amitié, comme la personne âgée qui visite un ami confiné à la maison pour s’assurer que tout va bien et qui reste pour jaser avec lui.

Les personnes âgées prennent soin de leur conjoint ou de leurs amis. Pensons à la femme qui assume de plus en plus de responsabilités à l’intérieur et à l’extérieur de la maison parce que son mari perd de ses forces. Elle ne se considère probablement pas comme une aidante, mais sans elle, qu’arriverait-il à son mari? Qui irait faire l’épicerie et les commissions, et qui cuisinerait et l’amènerait à ses rendez-vous chez le médecin?

Les autres membres de la famille ne peuvent pas toujours aider. Ils peuvent vivre trop loin ou avoir eux-mêmes des problèmes de santé. Certains organismes peuvent aider, mais le gros de leur soutien est rendu possible par des bénévoles.

Et les bénévoles sont généralement des personnes âgées.

Il y a aussi l’exemple du mari qui prend soin de sa femme atteinte de la maladie d’Alzheimer qui, d’instant en instant, ne peut se rappeler quel jour on est, et encore moins quel mois ni quelle année, si elle a mangé, ou ce qu’elle a fait; qui pose constamment la même question, encore et encore, et oublie la réponse dès qu’elle lui est donnée. Ce mari s’assure qu’elle s’habille, mange adéquatement, prend ses médicaments, l’accompagne chez le médecin, et fait en sorte que sa vie reste la plus normale possible. Sans lui, elle ne pourrait plus vivre à la maison et devrait être admise dans un foyer.

Grâce à lui, elle peut rester dans un environnement qui lui est familier aussi longtemps qu’il sera possible de le faire. Grâce à lui, elle n’est pas un « fardeau » pour le système de soins de santé.

Plutôt que de créer des visions catastrophiques de l’effet du « tsunami gris », il serait utile d’adopter une approche plus équilibrée à l’égard de la population vieillissante. Nous avons besoin de solutions politiques pour relever les vrais défis, comme les suivants : Comment nous assurer que la famille et les amis qui prennent soin d’adultes plus âgés et jouent un rôle primordial dans leur vie reçoivent tout le soutien dont ils ont besoin? Comment appuyer les collectivités pour qu’elles soient le plus possible amies des aînés afin que les personnes âgées puissent continuer de contribuer à la société et aient la meilleure qualité de vie possible?

Reconnaître les contributions des personnes âgées aiderait à faire de notre société une société plus intergénérationnelle qui ne dresse pas une génération contre l’autre. Ce serait également un reflet plus fidèle des rapports que la plupart d’entre nous entretiennent dans la vie de tous les jours.

Verena Menec est conseillère experte auprès d’EvidenceNetwork.ca, professeure au Département des sciences de la santé communautaire de la Faculté de médecine, et directrice du Centre de recherche sur le vieillissement (Centre on Aging) de l’Université du Manitoba.

août 2012


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